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Santé au coeur de la méditerranée

  • didier turcan
  • 16 mai 2012
  • 3 min de lecture

A la création de l’Union pour la Méditerranée (UPM) en juillet 2008, lancée dans le sillage du Processus de Barcelone, la santé n’a pas été retenue comme domaine d’action prioritaire. Le Secrétariat général de l’UPM, maître d’œuvre en la matière, a privilégié en un premier temps le développement des entreprises, l’enseignement supérieur et la recherche, l’énergie, l’eau et l’environnement, le transport et le développement urbain, la protection civile et les affaires sociales. Mais pas les questions de santé. Peu de temps après cependant, en novembre de la même année, une conférence ministérielle tenue au Caire répara cet « oubli » en soulignant dans sa déclaration finale l’impérieux besoin de promouvoir des coopérations régionales afin de renforcer les systèmes de santé des pays membres de l’UPM. Depuis, sporadiquement, la dynamique santé de l’UPM s’est révélée qui laisse entrevoir une mise en route des travaux dans la voie d’une coopération réelle sur la santé en Euro-Méditerranée.

L’initiative prise très récemment par l’Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED) de publier un volumineux rapport sur les systèmes de santé en Algérie, Maroc et Tunisie – Défis nationaux et enjeux partagés – pourrait bien être de nature à accélérer un processus plutôt timide. Conduits sous l’autorité des Professeurs Farid CHAOUI et Michel LEGROS, ces travaux comptent autant de propositions que de constats. Ils interviennent à un moment où les pays du Nord de la Méditerranée s’interrogent eux-mêmes sur leurs propres systèmes de santé pour en améliorer l’efficacité et en diminuer les coûts tout en en préservant la qualité. Ces circonstances, à tout le moins, devraient inciter à une réflexion commune d’autant que les solutions proposées, à partir pourtant de systèmes de soins très différenciés, sont quasi identiques sur l’une et l’autre rive de la Méditerranée.

De part et d’autre, on entend militer désormais pour l’égal accès aux soins pour tous, remettre la

santé au cœur du débat politique, prendre acte de la transversalité des questions de santé et les

traiter au plus proche du territoire, définir, pour la circonstance, des territoires de santé, jouer la

carte de la médecine de proximité et délaisser la gestion hospitalo-centrée, favoriser les démarches de prévention, promouvoir l’éducation thérapeutique et, enfin, mettre en place une véritable démocratie sanitaire qui passe par une refonte des modes de gouvernance.

Pour l’heure, au même titre que le logement, l’environnement ou le développement régional, la

santé relève, en matière de coopération UE-pays du Maghreb, de la politique européenne de voisinage (PEV), à l’origine de programmes indicatifs nationaux. Les faits nous y contraignent, il devient urgent de faire évoluer le cadre de cette coopération et le volet santé de l’UPM est de toute évidence de nature à lui conférer une autre échelle et une nouvelle ambition.

Les outils existent déjà qui peuvent permettre d’aller très vite dans cette voie. C’est en octobre

1990, donc bien avant la naissance de l’UPM, que le « dialogue 5+5 » a lui-même vu le jour. Regroupant les cinq pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et les cinq pays les plus à l’ouest de l’Union Européenne, ce processus de concertation s’adresse essentiellement aux ministres des Affaires étrangères des pays adhérents et beaucoup plus rarement aux ministres de l’Intérieur. En 2005, l’idée d’un « dialogue 5+5 » Tourisme s’est exprimée sans toutefois parvenir à s’imposer durablement. Pourquoi ne pas suggérer aujourd’hui le lancement d’un « 5+5 » qui solliciterait sur les enjeux de santé les ministres directement concernés ? Une manière comme une autre de prouver que la santé, à présent, s’est définitivement invitée dans l’aventure euro-méditerranéenne.

Le processus de l’UPM, pour le moment encore, relève d’une conception souple qui favorise au

mieux les échanges et les rencontres, fussent-ils informels, qui permet la libération des énergies, qui facilite les initiatives et le lancement de projets et qui promeut les partenariats public-privé. Cette souplesse doit être préservée, elle est un atout considérable. L’UPM apparait ainsi comme une sorte d’organisation du troisième type, farouchement contemporaine, à finalités essentiellement économiques.

Nous reviendrons souvent dans ces colonnes sur les avancées de l’UPM-santé qui seront commentées sous leurs différents aspects dans le cadre du Congrès permanent du programme SANTE AU CŒUR DE LA CITE. Et bien entendu, nous suivrons de très près toutes les initiatives terrain qui ancreront chaque fois davantage la santé au cœur de la Méditerranée.

turcan@covos.fr

 
 
 

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