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Chronique au coeur des villes de Chine

  • didier turcan
  • 8 sept. 2016
  • 3 min de lecture

Jiang Li est née, a grandi et a appris son métier d’infirmière à Wuwei dans la lointaine province du Gansu. Elle officie depuis quelques années au sein du St. John Hospital, à Hong Kong et s’est très vite impliquée dans un programme naissant destiné à motiver les patients diabétiques de type 2 hospitalisés, à faire de l’exercice physique.


Chaque jour, dans le jardin de l’hôpital, elle dirige une marche de trente minutes, à rythme modéré, de petits groupes de malades. Une mesure de glycémie de chaque participant est effectuée avant et après l’exercice. Dans la foulée, Jiang Li organise un court debrief qui lui permet d’informer et d’encourager ses malades. Dans un mois, elle se rendra à Guangzhou, à Nanning puis à Ningbo pour former d’autres infirmières à cette pratique simple mais désormais parfaitement intégrée au programme local de soins.


Shanghai. Chen s’amuse comme un fou devant l’écran mis à sa disposition sur le stand de ce grand laboratoire au cœur du pavillon que la France avait conçu pour l’Exposition universelle. Depuis la fin de la matinée, il a déjà expérimenté plusieurs jeux qui associent la réalité augmentée au concept de lutte contre le diabète. L’initiative avait à l’époque généré une affluence record dans ce pavillon dédié à la quête d’une vie saine et à la place de l’individu plongé au cœur d’une urbanisation gagnant chaque année en qualité.


Pour le moment, Chen n’envisage pas un instant de passer son tour et s’active fébrilement sous l’œil amusé, bienveillant et satisfait des représentants présents de la Société Chinoise de Diabétologie en charge d’un important programme de prévention par l’éducation.


Pas un séminaire, pas une conférence ne se tiennent dans les murs de l’Hôpital général de Beijing sans que Lu-Hsing, chef du service d’endocrinologie, ne rappelle l’impérieuse nécessité de favoriser les initiatives régionales pour sensibiliser davantage les populations aux facteurs de risque du diabète. Et de souligner que la prévalence du diabète en zone rurale est deux fois moins importante qu’en zone urbaine. Ce discours est désormais régulièrement relayé par les programmes de télévision touchant ainsi plusieurs centaines de millions de personnes. Insuffisant pour Lu-Hsing, les masses ne peuvent être réellement sensibilisées qu’au travers des actions de proximité des centres de soins spécialisés, disséminés dans tout le pays.


Depuis près de dix ans, Lu-Hsing est étroitement associé au programme événementiel de prévention des « Lumières bleues » qui rappelle, quand celles-ci s’allument, aux habitants de la capitale que deux millions de personnes souffrent de diabète dans la seule ville de Beijing.


Chu-Jung est vice-président délégué de la Fondation TOD créée par ce prestigieux laboratoire américain. Zhu, quant à elle, est l’une des trois fondés de pouvoir de la Shanghai Charity Foundation. Au 5e étage du siège de cette dernière à Shanghai, ils viennent tous deux d’acter les premiers versements de la subvention de 20 millions de $ que la Chine partagera avec l’Inde. La fondation a pour vocation, notamment, de contribuer à améliorer la prise en charge du diabète de type 2. Le programme de soutien aux patients et de coordination des soins conçu par son comité scientifique sur une période de 5 ans avait été jugé suffisamment convaincant pour concrétiser des engagements pris deux ans plus tôt.


A l’issue d’une période d’observation d’application locale de ce programme, Chu-Jung et Zhu se reverront dans le but de débloquer la subvention complémentaire, après arbitrages éventuels. L’information sera largement reprise dans le Quotidien du Peuple en ligne.


L’ évolution des modes de vie et d’alimentation, la forte concentration urbaine, l’essor exceptionnel des classes moyennes figurent, c’est connu, parmi les causes principales de l’explosion du diabète au cœur des villes chinoises. La pathologie flambe et les chiffres donnent le vertige. Un seul : en 2030, il y aura 130 millions de diabétiques en Chine. Cette perspective est à l’origine du plan national anti-diabète lancé en 2004 et de la décision de faire appel aux médicaments développés par les industriels occidentaux. Phénomène inquiétant, le diabète chinois frappe beaucoup les jeunes. Les ados chinois auraient un taux de diabète quatre fois supérieur aux ados américains.


Yuan est un enfant obèse. Il vit à Tientsin. Il passe six heures par jour devant son écran d’ordinateur et se nourrit mal. Son sommeil est agité. Enfant unique, Yuan a été couvé par ses parents. On ne refuse rien à un enfant unique. Sa mère l’a même préservé des tâches ménagères élémentaires. Il ne fait pas son lit. Yuan est gros et joufflu comme beaucoup d’autres garçons de son école. Il est normal et ne comprend pas cette histoire d’excès de tendresse qu’on reproche à ses parents.


turcan@valauval.fr


Images: Mu Boyan

 
 
 

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