Un phare sur la ville
- didier turcan
- 16 mai 2012
- 2 min de lecture

Il existe déjà, il ne lui manque que la lumière.
Les trois ensembles de tours du Pont de Sèvres, à Boulogne-Billancourt, bien tristes, bien ternes, se préparent à devenir le nouveau skyline du Grand Paris Seine-Ouest. A la fin de l’année 2014, Citylights, le nouveau nom des tours du Pont de Sèvres, éclairera cet effervescent territoire.
Ces tours reviennent de loin. Leur démolition fut un temps sérieusement envisagée. Puis, devenues
propriété de GENERAL ELECTRIC, leur rénovation fut confiée à l’architecte Dominique Perrault, concepteur entre autres de la BNF et de la tour Fukoku à Osaka. Dominique Perrault a déjà été sollicité au titre du programme d’aménagement des anciens terrains Renault. Il est l’auteur connu de l’immeuble Aurelium, ouvrage cuivre et or aux volumes cubiques sur la ZAC Seguin Rives de Seine. Allez. On dira qu’avec Citylights, une occasion lui est offerte de se racheter.
Depuis trente ans, on s’interroge sur les raisons du triple échec du Forum du Pont de Sèvres : échec
urbanistique, échec commercial, échec socio-culturel. De forum, l’ensemble n’aura gardé que le nom. Mais pas ses boutiques, en dehors de quelques commerces de proximité et pas ses cinemas. Qui se souvient encore que Gaumont avait tenté en cet endroit de planter sa marguerite ? Avec
l’urbanisation du Trapèze tout proche, la transfiguration de l’Ile Seguin, à deux pas, en pôle majeur des arts, du savoir et des affaires et, à présent, Citylights, le site va connaître une seconde vie. Et se voir donner une deuxième chance.
Hier encore belvédère un brin falot, Citylights devient un campus de 80 000 m² se dressant sur un
emplacement particulièrement stratégique. Les plaquettes promotionnelles du projet ont puisé leur
inspiration dans une lexicologie maritime. Tout y passe pour présenter, décrire et vanter l’opération : figure de proue, vigie, ancrage, repère visuel et pour finir, on l’attendait, le phare dans son halo. Sans doute, la proximité de la Seine aura-t-elle inspiré les rédacteurs.
De fait, on verra ce phare de loin. De la Nationale 118 à la Colline de Meudon, des coteaux de Sèvres à la Colline de Saint-Cloud un effet de miroir jouera sur les tours relookées dotées d’une large ceinture de bracelets saillants et scintillants qui accentuera l’aspect minéral des autres éléments de façade. L’emplacement et l’éclat de Citylights, sa conception interne, l’aménagement d’un vaste lobby et l’existence de très nombreux services lui donneront une dimension quasi- hôtelière aux dires mêmes de son architecte-rénovateur. Les salles de conférences et les auditoriums intégrés viendront enrichir l’infrastructure conventionnelle impressionnante programmée sur l’Ile Seguin : tout milite en faveur de la présence d’une grande signature de l’ hôtellerie internationale au cœur même de Citylights et qui parachèverait l’ouvrage.
Dans deux ans à peine, Citylights pourrait bien faire de l’ombre à la lourde tour Horizons qui se dresse à quelques dizaines de mètres, sur le trapèze.
Que vous traversiez le lobby de Citylights d’un pas altier ou que vous le contourniez, vous arriverez sur le Haut Forum. Et là, quand vous êtes là, bien indécis entre deux siècles, demandez donc la maison, tout le monde nous connait.
turcan@covos.fr
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