Un jour à Casablanca
- didier turcan
- 3 janv. 2013
- 3 min de lecture

La décision de participer à ce workshop organisé au Maroc par la Caisse des Dépôts a été prise au dernier moment. Embarquement sur le dernier vol quotidien de la RAM au départ d’Orly. Arrivée une collation et trois articles de presse plus tard. L’hôtel est situé à deux pas de la place des Nations-Unies. De la chambre, la vue plonge sur la médina. Le programme prévu le lendemain est dense et devra se faire à un rythme soutenu. Depuis quelques années s’est répandue cette pratique appréciée d’ateliers itinérants pour la découverte intelligente d’une ville qui multiplie les rencontres in situ avec les experts locaux et tous ceux qui font les métropoles d’aujourd’hui et de demain.
Après avoir été longtemps interrompus, les grands travaux ont repris qui doivent faire de Casablanca une ville phare pour les investisseurs de tous secteurs, le tourisme bien entendu et la meeting industry dans toute son acception. Les plus ostensibles sont ceux du waterfront. Les opérations d’aménagement du front de mer, à Casa, doivent se réaliser dans le cadre de partenariats avec des investisseurs émiratis et français. Ils font appel à des méthodes d’élaboration inspirées des pratiques européennes de l’urbanisme de projet. L’ambition du projet de marina qui jouxte la grande digue est de redonner à la ville sa vocation océane avec son nouveau port de plaisance et son étonnante promenade piétonne menant à la Mosquée Hassan II. Le challenge à relever est le suivant : renoncer à des partis pris d’urbanisme pastichant l’ancien et favoriser une « architecture verticalisée » à petite dose. Le langage est choisi mais les intentions sont claires. Casablanca ne doit rien envier aux grandes villes maritimes modernes. L’accueil de Khalid Bennani, Monsieur grands travaux du Grand Casablanca, est chaleureux mais la visite du site est courte.
Cap à l’ouest. Direction le boulevard de Biarritz. Avec le Morocco Mall, nous sommes partout et nulle part. Les enseignes sont toutes familières : Imax, Fnac, Yves Saint-Laurent… . On conçoit qu’une capitale économique doive se doter d’un tel temple commercial. On ne sera simplement ni surpris, ni étonné par l’audace ou l’originalité du décor mais en sortant, il y a l’Atlantique.
C’est entre les stations Omar El Khayam et Place Al Yassir que se tient la session de travail à bord du tramway flambant neuf animée par deux représentants de la RATP et de la Commune urbaine de Casablanca. La ville est particulièrement fière de cette réalisation récemment inaugurée en grande pompe. Les casablancais étaient impatients de découvrir leur tramway rouge taxi. La presse locale se sera faite l’écho de leur mécontentement durant les premiers jours de sa mise en service. Rien à craindre pour les autorités municipales, les français sont à la fois constructeurs et exploitants.
Déjeuner au Rick’s Café. En fond musical, tous les tubes de Mustapha Bourgogne. De circonstance.
La journée se poursuit au pas de charge par la visite de chantiers et de bureaux d’études qui donnent une idée assez précise de Casablanca 2020 : la ligne TGV jusqu’à Rabat puis Tanger, le nouveau Palais des Congrès, le futur théatre-Opéra appelé à devenir le plus grand d’Afrique et du monde arabe, le programme Anfaplace Living Resort qui semble jouer avec l’océan, le Grand Stade de Tit-Mellil où évolueront les deux clubs frères ennemis, le Raja et le Wydad, l’ambitieux projet d’Anfa Park sur le site de l’ancien aéroport … . Aucun doute, la ville blanche est à l’ouvrage.
Retour sur la corniche pour une ballade relativement incontournable ici et le privilège de prendre un verre au Rose Bar. Le lieu est exceptionnellement ouvert pour nous à une heure où les nuiteux n’ont pas encore pris leur douche. Le cocktail est délicieux mais le temps presse.
Route de l’aéroport Mohammed V. On sait qu’ils sont quelques milliers à s’engouffrer tous les jours dans ces bâtiments du Casanearshore, premier site du Maroc dédié à l’offshoring. L’exploitation des centres d’appels et de Business Process Outsourcing au service d’une clientèle de plus en plus internationale est une priorité stratégique du royaume en terme d’emplois. La découverte de ce Parc est assez impressionnante. A cet instant, chacun comprend que le Maroc ne rigole plus vraiment.
Debrief dans l’avion. En une seule journée, l’idée que se faisaient de Casablanca tous les participants a très sensiblement évolué. Une certitude chassant l’autre, soudain, l’évidence. Casablanca va très rapidement s’imposer dans le concert urbain. Au-delà, c’est même toute la façade nord de l’Atlantique marocain qui pourrait bien se transformer en poste avancé d’une Méditerranée enfin réconciliée et déterminée à se façonner un dessein commun. Cinq minutes plus tard, les yeux se troublent, les paupières se ferment, les images de la journée se bousculent et se succèdent. Et dans l’inconscient déjà un mot ou plutôt trois reviennent : Play it, Sam. Play it.
turcan@covos.fr




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