SOUMAYA & Cie
- didier turcan
- 27 août 2013
- 2 min de lecture

Bon. C’est vrai qu’il s’agit là, au départ, d’une affaire de famille.
Ce nouveau musée édifié à proximité de Polanco, un prestigieux quartier de Mexico, est la propriété de l’un des hommes les plus fortunés de la planète, Carlos Slim Helu. Il porte le prénom de son épouse, disparue en 1999. Le projet a été initié et réalisé par la société Carso dont le milliardaire est actionnaire majoritaire et l’architecte, Fernando Romero, n’est autre que son gendre.
Vu sous un certain angle, l’édifice ressemble à la proue d’un gigantesque navire. Situé au cœur du centre commercial et culturel Plaza Carso, il assume pleinement sa vocation lucrative. Comme beaucoup d’autres avant lui, le magnat libano-mexicain a décidé d’exploiter sa collection d’œuvres hétéroclites discrètement constituée jusqu’alors et qui compte aussi bien des sculptures de Rodin et des tableaux de Cézanne que des costumes de l’époque porfirienne, autant de productions artistiques qu’aucun dessein ferme n’a réellement pris le soin de sélectionner. Sans surprise, les premières expositions n’ont pas vraiment convaincu.
Comme ses aînés de Bilbao, d’Abu Dhabi ou de Lens, le Soumaya aux milliers de pièces d’aluminium a la volonté d’être la locomotive d’un projet urbain bien plus ambitieux. Extension du quartier d’affaires, appartements de grand standing, théatre, nouvelles offres hôtelières et muséales, le programme est arrêté qui fera du nord de Chapultepec le symbole du « vive con arte ».
Elitiste pour les uns, de nature à redorer l’image internationale de Mexico pour les autres, le projet est controversé. De toute éternité, l’art divinise mais parce qu’aujourd’hui l’art fait vendre, l’art divise. Et le Soumaya d’être accusé d’exacerber les clivages sociaux.
Dans cette polémique sans frontière, pas sûr que l’art s’y retrouve. Et pas sûr qu’il soit du côté de ceux qui jamais ne trouvent à redire quand les artistes bénéficient des largesses de puissants ne devant leur fortune qu’à leur naissance mais que l’argent des investisseurs empêchent de dormir ou de penser droit. Un détail, l’entrée du musée Soumaya est gratuite.
turcan@covos.fr
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