En pierre de Portland
- didier turcan
- 7 janv. 2014
- 2 min de lecture

Elle est de celles dont on fait les palais, les cathédrales mais aussi, les hôtels de luxe.
Tel ce dernier né de l’enseigne Bvlgari, ouvert à Londres dans le quartier huppé de Knightsbridge. A proximité du magasin Harrods, du Royal Albert Hall et de Hyde Park, il se sait en famille, en terre d’excellence. Une façade soulignée de bronze laisse deviner le raffinement qui attend derrière, fait de granit, de marbre noir et d’essences précieuses. Ses concepteurs en font très volontiers l’aveu : l’hôtel Bvlgari dans sa version britannique est une œuvre d’art. Il est posé là, à cet angle de rue, comme le bijou est serti sur la bague. Parfaitement ajusté. Il est incrusté dans ce prestigieux morceau de ville et ses lignes droites en prolongent l’harmonie.
Le Bvlgari London est une étape de plus dans l’élégance extrême propre aux fulgurances des créateurs de mode qui revisitent à présent le produit hôtelier sur le mode tentures imprimées et personnels en livrée. C’est entendu, les lieux d’implantation demeurent très rigoureusement choisis. Lacroix, Kenzo Takada, Armani, Ferragamo, Rosita Missoni et Bvlgari ne se commettent pas encore. Mais cela viendra. Dès qu’ils seront sollicités pour aider les villes à grandir et permettre l’émergence de nouveaux quartiers. Dès qu’ils seront étroitement associés à cette stratégie dite « du grappin » qui génère de nouvelles centralités partout où elle est mise en œuvre. Qu’ils puisent leur inspiration, et leur matière première, dans une île brumeuse du comté de Dorset ou ailleurs, ils mettront leurs talents au service d’une expansion urbaine sereine, paisible mais déterminée.
On pensait l’époque révolue quand un prince, le dernier sans doute des rivages de la mer d’Oman, en hommage à son épouse disparue, fit édifier un mausolée tout en pierre de Portland. Au crépuscule, les ocres clairs du monument servirent très tôt de repère aux nombreux navires qui croisaient au large, en provenance du Golfe Persique. Sur terre, les pèlerinages et les visites touristiques se firent chaque mois plus nombreux à toutes saisons. En quelques années seulement, les espaces vacants entre le mausolée du littoral et les limites de la proche ville de New Pasni se comblèrent de constructions diverses, de boutiques et de lieux variés de résidence, de loisir et de détente.
L’âme d’une défunte venait ainsi susciter en un lieu improbable une convivialité nouvelle. La flânerie dans le but de recueillement ou mue par la simple curiosité avait créé un plus de ville qui projetait la ville- centre vers la mer. Les années suivantes verraient l’aménagement d’une promenade côtière et de sentiers balisés. Pour la première fois de son histoire, New Pasni serait visible de loin. Elle aura grandi, elle aura bougé. En très peu de temps. Confirmant avec éclat et de preste manière que la forme d’une ville change plus vite que le cœur d’un mortel.
turcan@covos.fr




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