top of page
Rechercher

Op de weg naar Amsterdam

  • didier turcan
  • 25 févr. 2014
  • 3 min de lecture

. Cher ami, mon cher Andreas, décidément votre langue est tout à fait incompréhensible.

. Rassurez-vous, Pierre, nous ne sommes que dix-sept millions d’individus au monde à la parler. Et puis, de toute manière, nous parlons la vôtre. Bienvenue à Amsterdam.

Venu préparer ce comité de direction programmé au dernier moment dans la cité néerlandaise, Pierre dormirait ce soir au Conservatorium, l’ancien conservatoire de musique de la ville reconverti en hôtel de luxe. Il serait ainsi à deux pas du Stedelijk Museum que les Amstellodamois surnommaient « la grande baignoire ». Il y ferait un saut à l’heure du déjeuner.

La journée s’annonçait chargée. En fin de matinée, il rencontrerait le nouveau directeur de l’EYE Film Institute, sur la rive nord du Lac IJ, où se déroulerait la soirée du Comex. Tôt dans l’après-midi, il serait présenté au très célèbre designer Marcel Wanders, pressenti comme intervenant, à la Moooi Gallery dans le quartier de Jordaan, à l’ouest du Dam. Plus tard dans la journée, il découvrirait les boutiques de l’Hôtel Droog qu’on lui avait particulièrement recommandées.

Andreas se chargerait de la soirée. Une table serait retenue au restaurant Hôtel de Goudfazant, dont le nom se veut un simple clin d’œil aux Trois Faisans de Brel.

Ce n’était pas la première fois que Pierre venait à Amsterdam. Il se sentait bien dans cette ville, modèle de ville compacte, qui favorisait le maximum de diversité dans un minimum d’espace. Et qui assumait ainsi selon lui le principe même de ville et d’urbanité.

Quelle que soit la saison, Amsterdam n’est jamais anodine. Austère l’hiver, voire désespérément mélancolique, la ville se lâche l’été façon Woodstock, version revue et corrigée.

Chaque nouvelle visite est l’occasion de découvrir de nouvelles zones de turbulences créatives qui font revibrer de vieux quartiers. Et donne un flot de raisons d’être là dans une ville à laquelle Rembrandt décida, un jour, d’emprunter son or et ses rouges.

Le passé et le présent s’y côtoient mais sans jamais vraiment rechercher la synthèse ni même un semblant d’harmonie. A des bâtiments historiques de brique rouge se greffent parfois d’étonnantes structures de métal ou de verre qui surprennent le regard et chahutent un instant la raison. En quelques pas seulement, le promeneur passe-t-il ainsi de l’époque où Verlaine donnait ses conférences à la Maison Couturier sur le Keizersgracht à l’univers architectural décalé de Jo Coenen.

. Voyez-vous, Pierre, ici nous appliquons sans crainte ce principe qui vous effraie encore un peu dans votre pays : c’est parce qu’ils construisent pour l’éternité qu’il faut des architectes libres. Vous osez bien, chez vous, quelques audaces en urbanisme mais elles sont encore timides.

. Amsterdam est porteuse de récits multiples, Andreas. Ce qu’elle a réussi de mieux, ce sont ses ambiances. Il me semble que vous attachez trop d’importance à la ville visible. Les architectes, tout aussi talentueux soient-ils, ne sont pas des démiurges. Ils proposent mais les citadins disposent. Ce sont eux qui adoubent les monumentalités nouvelles et, eux seuls, qui décident d’en faire des lieux de vie et d’urbanité.

C’est à un peintre originaire de Breda que l’on doit ces deux toiles mises à l’encan la veille à la galerie Adams. La première représente une vue imaginaire d’Amsterdam qui reconstitue plusieurs quartiers en un seul. D’un seul coup d’œil, le spectateur identifie la ville contemplée sans prendre conscience qu’il s’agit d’ un patchwork. Aucun édifice connu n’est repérable. Les seuls repères sont les couleurs de la ville qui vont de l’incarnat du quartier de De Wallen au célèbre bleu de Delft. La seconde toile est une représentation très réaliste, presque vivante du Vondelpark. La sensualité qui s’en dégage est palpable. Nous sommes là plongés au cœur du jardin des hédonistes et des amours libres. Ce cacatoès semble vrai. On croit le voir progresser lentement le long du tronc de cet arbre près de cette femme trop brune attablée à la terrasse du Café Vertigo.

La ponctualité est une qualité très appréciable chez les néerlandais. Le programme projeté pour ces deux jours aura été respecté à la minute près. Tout aura été calé. Et tout sera en place le moment venu. La gare centrale à Amsterdam est au bout du Damrak. Sur le quai, comme d’habitude, un minimum de mots et pas de phrases inutiles.

. Au revoir, Andreas. Et merci.

. Totziens, Pierre. Goede reis.

turcan@covos.fr

 
 
 

Comments


© 2016 by valauval

bottom of page