Billet. Place Joffre, le 29 mai 20
- didier turcan
- 29 mai 2016
- 2 min de lecture
Quelles sont les véritables raisons qui poussent les autorités et la mairie de Paris à maintenir, à l’occasion de l’Euro 2016, l’organisation d’une « fan zone » sur le Champ de Mars, au mépris de tous les risques encourus, des perturbations engendrées dans un climat social plus que tendu, et du plus élémentaire bon sens ?

Pourquoi s’entêter dans une telle entreprise, sur une durée longue d’un mois, quand il faudra assurer dans le même temps la sécurité de tous les stades où la compétition se déroulera ?
Pourquoi avoir « privilégié » le Champ de mars, espace ouvert, au pied d’un monument publiquement revendiqué comme cible par les terroristes et ne pas avoir choisi un espace fermé, plus facile à sécuriser ?
L’état d’urgence, proclamé à la suite des attentats de 2015, a été prolongé à compter du 26 mai de cette année.
L’état d’urgence est un régime d’exception que le président de la République avait, un temps, envisagé de constitutionnaliser. Il est une incursion exceptionnelle du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire. Il suspend la liberté d’aller et venir de chacun. Il permet l’interdiction de manifester. Il autorise la fermeture de certains lieux jugés dangereux pour la sécurité des biens et des personnes.
L’état d’urgence est une mesure rare. Il n’a été utilisé, en France, que sept fois dans les soixante dernières années.
Aux termes de la loi du 3 avril 1955, « il peut être déclaré sur tout ou partie du territoire métropolitain ou des départements d’outre-mer (..) en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public (..) ».
A la lecture de ce texte, qui peut oser prétendre, aujourd’hui en France, et particulièrement à Paris, que cet état d’urgence n’est pas légitime et fondé ?
Qui peut expliquer comment les autorités, habilitées dans le cadre de l’état d’urgence à instituer « des zones de protection ou de sécurité où le séjour de personnes est réglementé » soient en même temps celles qui créent les conditions d’un péril majeur en favorisant la concentration et le regroupement de plus de cent mille personnes dont certaines, nous le savons, sont déjà en train de planifier leurs débordements ?
Les riverains du Champ de Mars et, plus généralement, les habitants des 7e et 15e arrondissements de Paris interpellent solennellement sur toutes ces questions les élus de proximité, la mairie de Paris, la préfecture et les services du Premier ministre en les mettant en garde sur l’étendue de leurs responsabilités en cas de troubles causés à la population, sédentaire ou occasionnelle, à l’occasion d’une manifestation dont la suppression ne saurait être ressentie ni comme un renoncement à nos principes républicains, ni comme une forme d’abdication.
Ils considèrent que le maintien de cet événement est incompatible avec l’état d’urgence en vigueur. Et pourraient se réserver de saisir la justice administrative, par la voie du référé.
turcan@valauval.fr
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